Paco, Une Odyssée Méditerranéenne
de Lucas Sanchez
Ecriture, jeu & musiques : Lucas Sanchez
Poèmes et textes des chansons : Francisco Sanchez-Blanco "Paco"
Mise en scène: Lucas Sanchez & Juliette Gharbi
Costume: Cécile Destouches
Théâtre poétique et documentaire, tout public à partir de 14 ans.
Un seul en scène interrogeant la mémoire des origines, la trajectoire migratoire de Paco, républicain andalou,
mêlant théâtre, musique et performance corporelle.
Préparation à l'acte rituel
créer un passage
un pont temporel
convoquer mon grand-père
pour un instant
être juste à la frontière
entre deux pays
entre deux continents
entre deux générations
entre deux langues
entre la vie et la mort
entre la terre et la mer
Construire des ponts pour se rassembler
s’apaiser
se comprendre
et
enfin
respirer
et
vivre
Note d'intention
Ce seul en scène est né d'une sensation. Celle d'une parole coupée, celle d'une respiration bloquée, dans la gorge et dans la poitrine, dans le fond du corps. Une sensation de vide, de déracinement. Une nécessité de l'exprimer et de la vivre. J'ai donc fait le choix d'enquêter sur les traces de mon grand-père andalou républicain, pour découvrir son histoire, et saisir comment le passé peut se rejouer dans le présent. En m'imprégnant des faits de vie de mon grand-père, j'y mêle mon cri, mon chant. Car je ne veux pas oublier. Je ne veux pas oublier la violence d'être arraché à sa terre, à sa vie. Pour ne pas oublier la malédiction des familles immigrées, déracinées. Pour ne pas oublier d'écouter leurs lamentations. Et surtout pour ne pas oublier de vivre aujourd'hui. De libérer ce qui a été enfoui, arraché, renié, oublié et dépasser les frontières encore, en détruisant les si contraignantes certitudes et sur leurs ruines, construire l'édifice immense du souvenir.
A travers mes chants transmis par mon père et écrits par mon grand-père, la guitare, des trésors confiés lors de mes voyages, j'assemble et j'écris dans une approche pluridisciplinaire une identité construite sur la mémoire. Par les sens, je réveille les traces de cette mémoire : par la vision d'images, le souvenir de gestes, et l'apparition de certaines odeurs. Cet éveil estompe les frontières de ma réalité. Je propose alors une expérience désintéressée comme un rêve. Un recueillement dans un espace intime qui durerait le temps d'une discussion avec mon grand-père Paco. Mes mots sont ses poèmes, mes histoires sont nos souvenirs, mes chants sont ces poussières d'étoile mis dans vos mains.
J'orchestre mes textes et ceux de mon grand-père, pour tenter de nous faire rencontrer encore une fois. Je projette les images des lieux à Malaga ou j'ai senti sa présence, que ce soit les grottes millénaires de Nerja ou le creux des vagues de l'Araña. Se rejoue la guerre civile espagnole, l'absence de patrie, l'oubli d'une mémoire. Alors mon visage se métamorphose, le décor se transforme, je prépare mon corps à convoquer une figure mythologique, érotique, mortifère, tauromachique : le minotaure. Incarnant l'affrontement de ses peurs, acceptant de danser avec la mort, le minotaure est un moyen pour moi de convoquer mon rapport à la terre, à sa gravité, au labeur nécessaire à l'ouvrage, de ce combat avec la disparition. Apparaît alors une célébration de mon attachement à la terre dans un carnaval dansé.
C'est perdu sur une route obscure sans étoile, que cet hommage m'est devenu vital. Non pour baiser le passé mort mais pour embrasser le présent, enfanter un futur digne de la férocité de nos existences. Ceci est mon rituel, mon passage à l'acte, mon trait d'union avec une tradition millénaire : célébrer la vie.
Lucas Sanchez
Extrait
Avec des racines coupées,
La violence
Je pousse, je pousse, je pousse
Même si je ne parle pas la langue
Je pousse, je pousse, je pousse
Il n'y a que ça à faire de toute manière
Prendre l'espace, envahir le ciel, embrasser la terre
Étendre ses racines coupées comme la queue du lézard
Ce Lézard que je vois maintenant dans l'arche
Son œil lourd sur moi, fumée spectrale
Je défie ma propre mort,
Et elle seule me donne ma force, mon courage
Sonne la cloche,
Déjà tant d'années de vies passées
Mes cheveux blanchissent,
Si vite,
Pas de retour, non pas de retour,
Qu'un élan frissonnant, mes cheveux qui blanchissent
Le soleil rouge rouge rouge
Et ta main avec moi dans l'eau qui blanchit
Sur la barque en pleine mer
Au bout du monde que j'ai franchi
Crachant les couleurs d'un soleil rouge rouge y verde verde verde mar !
Épurées par le vent
Et moi poussière de marin mis dans vos mains
Poussière d'étoile dans
Vos mains
Photos de Franck Hakmoun
Calendrier de création
Novembre - Décembre 2020 : Écriture et Dramaturgie à la MJC de Charlieu (42).
Avril - Mai 2021 : Enquête à la Araña (Malaga, Andalousie).
Mai 2021 : Résidence de création à Agend'arts à Lyon.
Juillet 2021 : Résidence à la Friche Belle de Mai à Marseille chez la Cie L'Entreprise.
Janvier 2021 : Présentation d'une maquette du spectacle en ouverture d'une scène ouverte du Théâtre de la Cité à Marseille
Mars - Avril 2022 : Enquête en Algérie (Boufarik, Blida, Alger, Oran, Tipaza)
Juin 2022 : Résidence au Théâtre de la Cité à Marseille, puis sortie de résidence au Scénacle de Besançon avec l'Université de Franche Comté.
Du 12 au 20 avril 2024: Résidence à Le Labo de Roanne
19 avril 2024 : Sortie de Résidence au Rendez-vous du Labo Roanne
12 Mai 2024 : Première au Festival des Jardin de Tournon-sur-Rhône
Partenaires
Production: Compagnie La Place du Soleil
Co-production: UFR Besançon Franche-Comté
Résidences d'écriture et de création: Agend'arts à Lyon, Compagnie L'Entreprise à la Friche Belle de Mai à Marseille et Théâtre La Cité à Marseille, Scénacle à Besançon